Je suis marathonienne !

Dimanche dernier je me suis alignée sur le départ du marathon de Paris et j’ai vécu une sacrée expérience, voici mon récit de course, le récit d’une marathonienne et pas en carton 😉

En effet, lorsque j’ai décidé de me lancer sur cette distance qui est une première pour moi, je ne me doutais pas que la préparation serait si difficile et que cela mettrait plusieurs fois en doute ma décision de prendre le départ. J’avais d’ailleurs écrit un article sur ce sujet intitulé Marathonienne en carton, tant la possibilité pour moi de faire ce marathon me paraissait incertaine vu mon état de forme à l’époque.

Cependant, même après une coupure de deux semaines d’entraînement à cause d’une périostite et un manque évident de sorties longues (je n’en ai fait que trois d’à peine 2h dont un semi marathon), j’ai décidé de me lancer, de prendre le départ malgré tout, quitte à devoir renoncer si une douleur apparaissait ou si je ne me sentais pas la force d’arriver au bout.

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C’est donc seule que j’arrive à Paris sous un soleil éclatant où je devais retrouver Julien de C’est bien d’être bien qui partait avec toute une équipe, j’étais enchantée de les rencontrer et la perspective de ne pas être seule dans le sas de départ me rassurait. Malheureusement le timing était trop short et je ne les ai pas retrouvés mais en faisant la queue pour entrer dans le sas j’ai fait la connaissance de Jena, une américaine qui faisait aussi son premier marathon. On a papoté jusqu’au moment du départ et on a fait les deux premiers kilomètres ensemble, c’était super sympa et ça m’a aidé à enlever ce petit stress qui montait depuis que j’étais partie de Versailles.

Me voici donc lancée sur le marathon, je me suis fixée un rythme de 10 km/h et je dois souvent regarder ma montre au début pour me ralentir. Il y a du monde partout pour nous encourager c’est génial, Paris est à nous : place de la Concorde, rue de Rivoli, Bastille… jusque là tout va bien, petite balade dans Vincennes et on arrive au semi. Là je me dis que c’est la vraie aventure qui commence pour moi qui n’ai jamais fait plus de 21 km. Je suis bien, toujours au même rythme et c’est ensuite sur les quais au 23e km que je commence à sentir que ça tire dans les jambes, aie c’est un peu tôt quand même !

J’essaie de profiter un maximum de ce qui se passe autour de moi pour ne pas penser à cette tension dans les jambes qui s’installe petit à petit, Paris est magnifique et le soleil tape, la foule nous encourage, il y a des concerts, des  rythmes africains et brésiliens, ça me porte ! S’ensuivent des passages en bord de Seine et des passages dans les tunnels, pas cool du tout ! On se retrouve dans le noir, c’est long et ça monte en sortant, vraiment pas cool. Plusieurs fois je me dis allez, mets toi en pilote automatique et cours, cours ! On passe devant la Tour Eiffel puis arrive le 30e km et là ça commence à faire mal, mes jambes sont de plus en plus lourdes. A ce moment là commencent les plus longs km de toute ma vie. Heureusement Cécile m’attend au niveau du 30e km et va m’accompagner jusqu’à la fin. Ma sauveuse ! Elle m’encourage, me tient ma bouteille d’eau (ça paraît bête mais ça aide), j’ai de plus en plus envie de m’arrêter, même quelques secondes. Je commence à marcher et Cécile me conseille de ne pas m’arrêter mais de trottiner même très doucement, ce que je fais.

Arrive une montée avant la dernière partie du parcours dans le bois de Boulogne et Cécile me pousse, ça m’aide à ne pas m’arrêter, son soutien m’est précieux. Je fais une mini pause de temps en temps juste pour m’étirer les ischios, je bois un coup et je repars. Plusieurs fois j’ai envie de pleurer mais je me retiens, je garde mes larmes pour l’arrivée. Ce qui est bien c’est que l’idée d’abandonner ne m’a pas traversé l’esprit, à ce moment là je me suis dit que je n’avais pas fait tout ça pour rien, que je ne pouvais pas abandonner maintenant, tant que je n’ai pas de douleur handicapante, je cours ! Au dernier ravito je prends bien le temps de manger et de boire, toujours boire, comme à tous les ravitos d’ailleurs. Et on continue, on court dans de belles allées bordées d’arbres et je vois des coureurs étendus sur le bas coté, livides, d’autres sont déjà dans l’ambulance et plusieurs fois sur la fin du parcours on entend les sirènes. La chaleur a eu raison de leurs efforts et quelque part leur malheur me permet de relativiser et je me dis que je ne suis pas si mal puisque moi je cours encore.

Je regarde tout le temps ma montre, pas pour ma vitesse, ça fait longtemps que je file à 7 km/h, mais pour voir le kilométrage. Ma Polar a 1 km d’avance et psychologiquement, le fait de voir 38 km sur ma montre alors que je sais qu’on en est qu’au 37e me fait du bien. Je fais le décompte et je sais que même si il y aura 1km de plus à faire une fois que je verrai le 42 s’afficher sur ma montre, ce sera la fin. J’avance, je m’arrête, je peste, je repars… mais ou il est ce foutu panneau 41 km ? Enfin je le vois, je m’en rapproche et là les « sans dossards » doivent nous quitter, Cécile s’en va et je la remercie, je ne sais pas encore aujourd’hui comment j’aurais fait sans elle, merci Cécile !

marathonienne

J’attaque les derniers mètres, je suis épuisée et j’ai très mal aux jambes mais je m’accroche, je vais l’avoir cette médaille ! Je contourne le rond point Porte Dauphine et je la vois : l’arche d’arrivée est là juste après la ligne du 42e km car oui, à ce moment là il me reste encore 195 mètres à parcourir, arrrgghh ! Je m’accroche et j’arrive même à sourire pour la photo, incroyable ! Encore quelques mètres et je franchis la ligne d’arrivée en 4h53, je suis marathonienne !

A ce moment là je suis envahie par l’émotion et je pleure, mais je pleure aussi de douleur, de fatigue, je m’accroche à une barrière et les larmes coulent sans plus pouvoir s’arrêter. Je repars, hagarde, pour aller chercher mon tee shirt de finisher et ma médaille, cette médaille que j’ai été chercher avec mes tripes et une énergie que je ne me connaissais pas.  Je savais qu’Anne Dubndidu distribuait les médailles alors je vais vers elle et elle me félicite, je luis dis presque en larmes que c’était très dur et j’en profite pour la féliciter pour tout ce qu’elle fait, son sourire me fait du bien.

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Les moments qui suivirent l’arrivée ne sont pas comme je les avais imaginés, je ne me sens pas bien, j’ai la nausée et je me sens triste, vidée. Et le pire c’est que je ne peux partager ma joie (si on peut dire vu l’état dans lequel j‘étais) avec personne car mon téléphone m’a lâché le matin même. Je rêve de retrouver Cécile pour la remercier encore mais je ne peux pas la joindre. Je rêve de rejoindre mes collègues d’Alltricks qui sont eux aussi finishers pour partager nos impressions autour d’une bonne bière et je ne peux pas. Je rêve de dire à mon frère, à ma mère, à mes amis que j’ai réussi mais je vais devoir attendre. Alors je me dirige tant bien que mal vers la consigne, récupère mes affaires et avance péniblement vers le métro. Je n’arrive pas à réaliser ce que j’ai fait, ce que j’ai accompli.

La sensation que j’ai eu à ce moment là et que j’ai encore un peu aujourd’hui à J + 3 est assez étrange : je suis marathonienne, j’ai couru 42,195 km et pourtant je n’arrive pas à me sentir fière de mon exploit. Car c’est bel et bien un exploit que j’ai réalisé vu ma préparation trop juste et mes baisses de régime à répétition lors de mes sorties longues. C’est comme si je ne me sentais pas légitime sur cette distance, comme si la victoire était réservée à ceux qui se sont bien entraînés, qui ont fait un temps… Ridicule ! A mesure que le temps passe je réalise que si je mérite ma médaille, que je l’ai fait, j’ai couru 42,195 km, peu importe le temps, peu importe la prepa, je suis marathonienne !

Et vous, avez-vous tenté le marathon ? Comment l’avez-vous vécu ?